Mon histoire
Une grossesse
Septembre 2019, je tombe enceinte et après un mois de « tranquillité », je commence à être très malade.
J’ai ce qu’on appelle l’hypérémèse gravidique.
L'hyperemesis gravidique est une pathologie de grossesse encore peu connue. On l’associe souvent « simplement » aux nausées matinales du premier trimestre de grossesse. Mais c’est beaucoup plus grave. C’est le terme scientifique désignant les nausées et vomissements sévères et persistants chez la femme enceinte. Il se définit par des nausées intenses qui entraînent une perte de poids importante et une déshydratation.
Les femmes touchées par cette maladie peuvent vomir jusqu’à 50 fois par jour.
Bien souvent, elles sont hospitalisées au cours de leur grossesse
Je suis hospitalisée à plusieurs reprises. J’ai perdu 12kg au total.
On me dit à demi-mot que mon bébé va bien mais que c’est soit elle, soit moi. Soit, je me force à manger, quitte à abimer ma santé et le peu que je vais garder pourra assurer la santé de mon bébé, soit j’arrête de manger mais rien ne sera sûr pour la vie mon enfant. On me propose également, « discrètement » la solution de l’IVG si je ne tiens pas.
Je suis sidérée par ces options, d’autant plus qu’aucun soutien ni réconfort ne m’est donné.
Nous décidons de continuer et de nous battre. Sans trop savoir contre quoi. Nous sommes dans l’incompréhension totale car nous avions une vision bien différente de la grossesse. Pour nous, ce devait être merveilleux... Nous n’avions pas anticipé cela et personne ne nous avait prévenu et ne nous explique ce que j'ai.
On s’occupe peu de moi et les soignants sont en « alerte » malgré mes hospitalisations répétées. En effet, un virus aurait fait son apparition depuis peu et des cas, de plus en plus nombreux, seraient apparus en France.
Pour la première fois depuis des mois, j’ose dire que je n’aime pas la grossesse.
Et j’assume. J’aime déjà très fort mon bébé et la vie que nous aurons ensemble si nous survivons, mais je n’aime pas être enceinte.
Pour la logistique, c’est Yoan qui doit me laver, m’aider à m’habiller et m’aider dans les escaliers. La maigreur me fait mal aux articulations.
Ma baby shower me redonne le sourire et l’espoir de meilleurs jours.
Et puis, nous en rêvions : c’est une FILLE !
Malgré cela, mon confinement à moi, dure depuis 8 mois. Je replonge dans un état dépressif et toujours aucun soutien.
Chaque RDV médical est une torture, psychologique surtout et un peu physique.
On me demande de me déplacer à chaque fois, ce qui me prend une énergie que je n’ai plus depuis des mois. Dès que je viens, rien n’est fait pour me recevoir dans de bonnes conditions.
Un accouchement
Accoucher ne me stresse pas du tout. En revanche, l’idée d’être seule, séparée de mon mari m’angoisse terriblement. C’est le seul qui a été présent durant ce calvaire.
Dimanche 14 juin 2020
6h du matin, je suis réveillée par une grosse contraction. C’est intense et rapide. Ma poche des eaux éclate dans la salle de bain. Le travail a bien commencé.
8h15, nous arrivons à la maternité. La sage-femme m’annonce que je suis dilatée à 5. Sans même me demander, elle hurle à sa collègue d’aller chercher l’anesthésiste.
Je dois me rendre en salle de naissance, au bout d’un couloir de quelques mètres. Je marche et une énorme contraction me fait m’accroupir alors que je tiens la poignée de la fameuse salle.
Je mets mon autre main entre mes jambes : la tête est là !
La sage-femme ne me croit pas, pourtant c’est bien la tête de ma fille que je sens.
Elle me soulève et me porte jusqu’au lit d’accouchement. Je suis en position gynécologique et cette SF me fait comprendre que je n’ai pas le choix.
Yoan arrive et on nous annonce que je n’aurai pas de péridurale. Elles essayent de me guider mais mon corps fait ce qu’il veut.
8h41 : ma fille est là. Posée sur mon ventre. Nous pleurons. C’était hyper rapide.
Mon corps tremble fortement. Je demande à ce qu’on prenne mon bébé car je peux le faire tomber. Je n’ai pas le droit de boire ou de manger.
« C’est vrai que 9 mois, c’est pas assez pour choisir ! » C’est la phrase choquante concernant notre souhait ou non d'allaitement.
Un séjour à la maternité durant lequel j’ai ressenti que le personnel était plus préoccupé par le Covid que par moi. Une solitude extrême, à l’image de ma grossesse.
Un Post-Partum
Enfin rentrés ! Tout est fini !
C’est ce que je crois bêtement… En fait, tout commence, et ça commence mal, car avec Yoan, qui n’a que 10 jours de congé paternité, je me retrouve bien vite seule, encore.
Je suis à -12kg de mon poids AVANT grossesse.
Ce fichu virus nous empêche de voir nos proches.
Très peu de personnes viennent me voir… Et toujours aucun soutien psychologique de la part des soignants.
Les quelques personnes qui osent braver le COVID pour venir rencontrer mon bébé font le même constat : "Mélissa, tu ne vas pas bien".
La suite ? vous l’avez compris : dépression, burn out… et tout le package du post-partum abominable.
J’ai perdu mon boulot, les soignants ne me soignent pas ni physiquement, ni moralement, je suis mise au placard.
C’est pourtant durant cette période bien sombre que je découvre l’univers merveilleux des Doulas.
Les Doulas
En plein burn-out, je suis sur les réseaux et découvre les doulas. La plupart expliquent avec amour le processus d’accouchement et je suis fascinée.
Je veux en savoir plus et surtout, je souhaite rencontrer une doula qui parle du post-partum. Mais aucune à l’horizon…
Une collègue me dit alors ceci : « deviens toi-même une doula spécialisée en post-partum ! »
C’est ainsi que je me suis lancée.
En février 2022, je démarre une formation de 9 mois avec le super centre : Envol et Matrescence sur Lyon.
Entourée de 16 autres stagiaires, je n’ai jamais vécu une expérience aussi belle et douce de toute ma vie.
C’est décidé, je souhaite offrir une expérience similaire à tous les parents que je croiserai sur mon chemin et j’y arriverai.
En 2023, nait Les Magnolias Doula.
J’aborde la naissance, le post-partum, le deuil périnatal et je propose de faire la cuisine durant le Mois d’Or.